Fidèle à l’esprit du collectif lisboète qui annonçait la fin du monde dans le titre de son album pour finalement troquer au fil des morceaux la peur d’une apocalypse contre l’espoir d’un renouveau, Nut Nut privilégie l’apaisement à la surenchère à laquelle «My My Your Your», récit cathartique d’une jalousie inavouable dans l’original, aurait pu naturellement les mener. Le duo formé par Julie Semoroz et Sophie Le Meillour tisse une trame sonore organique, gouttelettes ruisselant sur la roche granitique d’un massif qu’on imagine vertical et grandiose, kalimba à la rengaine entêtante, autoharpe portée par une réverbe savamment dosée et voix limpide reprenant le motif principal avec délicatesse et puissance. Mais derrière la candeur minérale pointe une menace, diffuse, persistante, symbolisée par une guitare gutturale qui plonge la reprise de Nut Nut dans la galaxie post-rock sans pour autant nuire à la poésie métaphysique distillée par le duo.