Johnny Staco — Nefretica
2009
Electro trash
Wichita, USA
On pense à Peaches, la diva trash de Montréal. Même brouillage des codes, même sexualité outrée, même décalage dans la grossierté pour ce natif de Wichita dans l’Etat du Kansas. Johnny Staco (Germaine Tool à la ville), crooner salace, assène son eurodance qui pourrait se résumer à une scie même pas dansante à force de beats martiaux archirebattus. Or l’originalité du gandin tient dans sa manière ultragonflée de parer le genre pauvre des oripeaux de la grande classe, plus prosaïquement «de le soumettre comme femme au doigté magique du Staco». Perles de glockenspiel, colliers de harpe, parures de violons puissamment réverbés. L’enluminure est osée, somptueuse pourtant dans la profondeur de champ ainsi créée, perverse aussi dans sa manière d’humilier la boîte à rythmes et son décor de boîte échangiste de province. Johnny Staco, dent en or et impeccable costume trois-pièces, a beau jeu de célébrer l’amour et le sexe. Teigneuse ou langoureuse, geignarde toujours (on jurerait Gordon Gano des Violent Femmes), sa voix rajoute une couche à l’obscénité des messages «Fuck me I’m dead/Fill me like bread» («Sexy Sallie») ou «Suck my dick/You’re so chic» («Alexander Smith»). Elle réussit même le tour de force de détourner la plus innocente des comptines «Sleep little boy/Mummy gets your toy» («Lovers Are Assholes») en hymne salace (les choeurs d’enfants, sublime!). Oreilles prudes s’abstenir, ce qui n’empêche pas ce sosie de Nick Cave – avec la moustache – de prétendre au titre d’icône trash instantanée, sans doute plus à sa place dans un cabaret berlinois du Prenzlauer Berg que dans les suburbs de Wichita. Décalage?